Saumon made in China : 8000 tonnes produites par an grâce à un navire-élevage géant pour une autonomie alimentaire.

L’empire du milieu, connu pour ses ambitions démesurées et son désir d’autosuffisance, se lance un nouveau défi : la production massive de saumon. Fini le temps où la Chine importait massivement ce poisson prisé, principalement de Norvège et du Chili. Avec le « Su Hai N° 1 », un navire-élevage d’une envergure impressionnante, la Chine entend bien maîtriser l’ensemble de la chaîne, de la production à la distribution, affirmant ainsi son indépendance alimentaire.

L’appétit chinois pour le saumon : un marché en pleine expansion

L’engouement des Chinois pour le saumon frais ne cesse de croître. Bien que la truite locale offre une saveur similaire, le saumon de l’Atlantique reste privilégié. L’année dernière, la Chine a importé plus de 100 000 tonnes de saumon, témoignant d’une demande croissante. Face à cette demande, la Chine a choisi de ne pas rester les bras croisés et de prendre les choses en main, en produisant directement sur son territoire.

Le « Su Hai N° 1 » : un géant des mers pour l’aquaculture

C’est là qu’intervient le « Su Hai N° 1 ». Ce navire-élevage, véritable mastodonte de 250 mètres de long, représente un investissement colossal de 600 millions de yuans (environ 73 millions d’euros). Sa mission ? Produire jusqu’à 8 000 tonnes de saumon par an, selon les estimations de son armateur, Jiangsu Lianshen Marine Technology. Ce chiffre colossal illustre clairement l’ambition de la Chine dans ce domaine.

Une technologie innovante pour une production optimisée

Le « Su Hai N° 1 » se distingue non seulement par sa taille, mais aussi par sa technologie embarquée. Contrairement aux systèmes de pisciculture offshore traditionnels, le navire est capable de se déplacer pour éviter les conditions météorologiques défavorables telles que les typhons ou les proliférations d’algues toxiques, garantissant ainsi la survie des poissons.

Une autonomie renforcée et une distribution rapide

Le navire ne se contente pas d’élever le saumon. Il intègre également une installation de transformation à bord, ce qui permet de livrer le produit directement aux marchés nationaux en seulement 24 heures. Ce processus réduit considérablement les délais et assure la fraîcheur du saumon, tout en minimisant la dépendance aux importations. L’entreprise met ainsi en avant une « étape importante pour le développement de la pêche maritime moderne de haute qualité en Chine ».

Des ajustements en cours et une mise en service imminente

Actuellement en phase d’ajustements au chantier naval de Guangzhou, après un essai concluant fin avril, le « Su Hai N° 1 » devrait commencer ses opérations dès cet automne en mer Jaune, au large de la province du Jiangsu. Le premier lot de saumon est attendu pour l’année prochaine, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère pour l’aquaculture chinoise.

L’impact environnemental : une question cruciale

Le développement de cette aquaculture intensive soulève des questions cruciales concernant la protection de l’environnement océanique. Le ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales ainsi que le ministère des Ressources naturelles ont publié des directives visant à « promouvoir l’aquaculture marine » tout en garantissant la « protection de l’environnement océanique ». La Chine devra concilier son ambition de production avec le respect de l’écosystème marin. Le défi est de taille, mais l’empire du milieu a prouvé par le passé sa capacité à relever les défis les plus audacieux.