L’augmentation des températures mondiales, une réalité indéniable, soulève des inquiétudes quant à ses impacts sur la santé humaine. Au-delà des canicules et des phénomènes météorologiques extrêmes, une récente étude publiée dans la revue *Frontiers in Public Health* suggère un lien possible entre le réchauffement climatique et l’augmentation des cancers gynécologiques. Bien que les conclusions ne permettent pas d’affirmer une causalité directe, les résultats appellent à une vigilance accrue et à des recherches plus approfondies.
Le cancer gynécologique : un fléau persistant
Les cancers gynécologiques, regroupant notamment le cancer du sein, de l’ovaire, du col de l’utérus et de l’utérus, constituent une préoccupation majeure pour la santé des femmes. En France, en 2023, on estimait à 61 214 le nombre de nouveaux cas de cancer du sein, la tumeur maligne la plus fréquente chez la femme. On constate une augmentation de 0,3 % par an depuis 2010, soulignant l’importance de la recherche et de la prévention. L’âge, les antécédents familiaux, l’alcool, le surpoids, l’obésité et le tabac sont des facteurs de risque bien connus, mais de nouvelles pistes sont explorées.
L’étude : une analyse dans des zones vulnérables
L’étude en question, menée par W. Abu El Kheir-Mataria et S. Chun, a examiné la prévalence et la mortalité des cancers gynécologiques dans 17 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Ces régions ont été choisies en raison de leur vulnérabilité particulière au changement climatique. Les données ont été comparées à l’évolution des températures entre 1998 et 2019, afin d’identifier d’éventuelles corrélations.
Des chiffres qui interpellent
Les résultats de l’étude sont préoccupants. On observe une augmentation de la prévalence des cancers gynécologiques, avec une estimation de 173 à 280 cas supplémentaires pour 100 000 personnes pour chaque degré Celsius supplémentaire. La mortalité liée à ces cancers a également augmenté, avec une hausse de 171 à 332 décès pour 100 000 personnes par degré. Le cancer de l’ovaire affiche la plus forte augmentation, tandis que le cancer du col de l’utérus est moins impacté.
Des liens complexes et multifactoriels
Il est crucial de noter que l’étude ne prouve pas un lien de cause à effet direct. Cependant, les chercheurs suggèrent que l’augmentation de la température pourrait agir sur la santé par « multiples voies ». L’exposition accrue à des cancérogènes connus, la perturbation des soins de santé et l’influence sur les processus biologiques au niveau cellulaire sont autant de facteurs potentiels. Le Dr Wafa Abu El Kheir-Mataria souligne l’impact cumulé de ces changements sur la santé publique.
Des disparités géographiques
L’étude révèle des disparités géographiques importantes. Seuls six des 17 pays étudiés ont montré une augmentation de la prévalence et des décès : le Qatar, Bahreïn, la Jordanie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Syrie. Les chercheurs attribuent ces variations à des températures estivales « particulièrement extrêmes » dans ces pays ou à d’autres facteurs non pris en compte dans leur modèle.
Une étude qui ouvre le débat
Cette étude, bien que préliminaire et non conclusive, ouvre un débat important sur l’impact du réchauffement climatique sur la santé des femmes. Les auteurs insistent sur la nécessité de poursuivre les recherches pour mieux comprendre les mécanismes en jeu. Le Dr Mataria souligne que, même si la causalité n’est pas établie, les associations observées dans de nombreux pays justifient des investigations plus approfondies.
Des recommandations pour l’avenir
L’étude met en évidence l’urgence d’adopter des mesures de prévention et de protection face au réchauffement climatique. Il est essentiel de renforcer les systèmes de santé, d’améliorer l’accès aux soins et de sensibiliser les femmes aux risques liés à l’environnement. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour déterminer l’impact précis du changement climatique sur le développement des cancers gynécologiques et pour élaborer des stratégies de lutte efficaces. La prise de conscience et l’action sont indispensables pour protéger la santé des femmes face aux défis du futur.